« Tiens, ce témoignage sur le handicap a l’air touchant… et ce guide de parentalité semble original… et ce recueil de nouvelles me tente bien… » Chère Fabuleuse, es-tu comme moi face aux vitrines de librairie ? À avoir envie de tout lire, tout en sachant que tu n’en as certainement pas le temps ? Alors laisse-moi te faire découvrir une petite sélection de livres pratiques et de romans dont je te recommande les bienfaits : de quoi savourer des moments de lecture en toute bonne conscience lors des prochains ponts du mois de mai.
Les proches aidants pour les nuls, Marina Al Rubaee et Jean Ruch
Commençons cette sélection par un ouvrage qui devrait être offert à tous les aidants. Loin des “il faut” et des “y a qu’à”, il se centre sur l’essentiel : comment vivre le mieux possible lorsqu’on soutient au quotidien un proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie.
Organisé de façon didactique, ce livre écrit par et pour les aidants aborde avec bon sens et bienveillance ce rôle bien particulier. Il propose à la fois des pistes de réflexion psychologique (parfois inconfortables mais nécessaires) et des éclairages juridiques, détaille les aides financières et logistiques auxquelles on peut recourir selon les situations, liste les adresses de lieux ou de sites auprès desquels se renseigner et/ou se ressourcer, etc. Le tout se feuillette dans l’ordre qu’on veut, selon les besoins du moment.
Voici l’ambition affichée des auteurs : « Le but de ce livre est de vous simplifier la vie, de savourer l’essentiel avec votre proche dans des situations souvent complexes et émotionnellement difficiles à gérer. Prenez soin de vous et vous pourrez mieux prendre soin de l’autre. » Évidemment, chez les Fabuleuses aidantes, on ne peut qu’être d’accord 😊
Avec lui c’est compliqué, Gabrielle Sebire et Cécile Stanilewicz
J’ai aimé ce livre rien qu’en lisant son titre… Le sous-titre précise : « Vivre avec un enfant précoce, l’aider à grandir et réussir ». Les autrices animent depuis longtemps des ateliers éducatifs dédiés aux enfants à haut potentiel intellectuel.Cela leur a permis de concevoir une série d’outils efficaces, autant pour les enfants eux-mêmes que pour les familles qui les accompagnent.
Mieux comprendre le fonctionnement de son enfant, savoir poser les limites et gérer les conflits, faire une place à chacun dans la fratrie, accompagner les éventuelles difficultés d’apprentissage, améliorer la relation aux autres, favoriser l’estime de soi… Les sujets abordés sont variés et partent à chaque fois de situations réellement observées pour en proposer une explication et des pistes d’action.
Un exemple d’activité proposé qui m’a beaucoup fait penser aux Fabuleuses : le cahier des “s’il te plaît” et des “merci”. L’idée est d’acheter un cahier dans lequel chaque membre de la famille peut déposer des demandes concernant la vie de la maison et des remerciements pour les bons moments passés ensemble. Une fois par semaine, on prend le temps de lire le cahier et on en discute. Authenticité et gratitude, deux ingrédients qui ont fait leurs preuves !
Je me défends du harcèlement, Emmanuelle Piquet
Lorsqu’on est parent d’un enfant « extraordinaire », on constate vite que la différence n’est pas facile à vivre en société. Isolement voire harcèlement peuvent malheureusement s’inviter assez vite dans les cours d’écoles… L’autrice de ce livre précise néanmoins : « Ce qui déclenche puis alimente le harcèlement, ce n’est pas la différence, c’est la vulnérabilité et la peur. » Elle s’adresse donc directement aux enfants pour leur expliquer comment avoir moins peur, pour que les harceleurs perdent leur pouvoir.
Par exemple, Hugo, 14 ans, a un syndrome d’Asperger. Entre autres particularités, il dit avoir « une démarche un peu bizarre, un peu saccadée, et plus les autres se moquent de ça, plus [sa] démarche devient bizarre. » L’autrice discute avec Hugo en lui expliquant qu’en effet, essayer de cacher sa différence la met encore plus en exergue et l’indique à de potentiels harceleurs comme un point sensible. Elle va donc suggérer à Hugo de réagir “à 180°”, c’est-à-dire de mettre en scène cette démarche de façon chorégraphiée dès qu’il sera en présence des moqueurs. Hugo s’entraîne chez lui, aidé par son père, et sourit tellement lorsqu’il va à la rencontre de ses harceleurs que ceux-ci s’éloignent avant même qu’il ne fasse sa danse…
L’ouvrage présente ainsi 15 récits d’enfants harcelés qui trouvent des solutions pour s’en sortir grâce à cette stratégie d’ ”effet boomerang” ou “flèche de résistance”. Un livre bénéfique à lire par les enfants et leurs parents, pour identifier ensemble les parades verbales les mieux adaptées à chaque situation.
Tant que le café est chaud, Toshikazu Kawaguchi
Après ces trois guides pratiques, place à un peu de fiction. Voici un petit livre qui peut se lire en un week-end : idéal pour s’évader quand on a peu de temps devant soi ! Il nous emmène au Japon, dans un curieux café de Tokyo appelé Funiculi Funicula. Une légende urbaine raconte qu’il permet de retourner dans le passé le temps de boire son café… mais avec une règle cruelle : quoi qu’il s’y passe, ce voyage ne permet pas de changer le présent.
« Le café où ils discutaient était en sous-sol, sans fenêtres. L’éclairage se réduisait à six lampes à abat-jour suspendues au plafond et à une applique murale près de l’entrée. Seule une horloge aurait permis de distinguer le jour de la nuit dans ce lieu constamment teinté d’une couleur sépia. Mais les aiguilles des trois grandes horloges murales anciennes qui trônaient là indiquaient chacune une heure différente. » C’est dans cette curieuse atmosphère hors du temps que quatre femmes aux destins croisés vont choisir de vivre une expérience qui va profondément changer leur cœur – à défaut de changer leur réalité.
Vendu à plus d’un million d’exemplaires au Japon, ce livre est une jolie pépite plus profonde qu’elle n’en a l’air. Dans un mélange de douceur et de tendre absurdité, il distille progressivement une belle ode à l’acceptation de notre humanité.
Là où chantent les écrevisses, Delia Owens
Ce roman fleuve au titre poétique nous fait lui aussi voyager dans le temps et l’espace à sa manière : l’histoire s’écoule entre 1952 et 1970 en Caroline du Nord. On y suit le rude destin de Kya, abandonnée à 10 ans par sa famille et condamnée à s’élever seule au milieu des marais. Sauvage et analphabète, la jeune fille est considérée avec suspicion par le reste de la population. Lorsqu’un meurtre est commis, elle devient la première suspecte.
En parallèle de l’enquête policière menée par le shérif se dessine le paysage flamboyant et dangereux de ces marais que l’on découvre à travers les yeux de Kya : au cœur de ce monde entre terre et océan, elle fait corps avec toutes les espèces qu’elle y côtoie. « Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu’à la mer, et des échassiers s’en envolent avec une grâce inattendue – comme s’ils n’étaient pas faits pour rejoindre les airs – dans le vacarme d’un millier d’oies des neiges. »
J’ai beaucoup aimé ce voyage sensoriel sur le thème de la résilience que je recommande chaudement. C’est un roman envoûtant qui nous invite au cœur d’une nature insoupçonnée, jusque « là où chantent les écrevisses »…